Partie 3 :
Le camouflage du casque allemand
Le casque allemand était de très bonne conception, cependant, de par sa forme, il était facilement reconnaissable. Dès la campagne de 1939, les soldats allemands avaient pris conscience des inconvénients de sa conception en matière de dissimulation. Ainsi, les soldats, pour se confondre avec leur environnement, ont adopté différentes stratégies.
Pour casser sa silhouette distinctive, certains hommes ont commencé à y fixer sur le pourtour une sangle de sac à pain avec du feuillage tandis que d’autres utilisaient une bande de caoutchouc ou encore du fil de fer. Il était également courant d’appliquer de la boue sur la coque afin d’atténuer les reflets de la lumière et se confondre avec le terrain. Enfin, certains sont allés plus loin en appliquant de la peinture supplémentaire à des fins de camouflage, parfois mélangée avec des copeaux de bois.
Les filets
Pour se camoufler, les soldats allemands ont installé un filet sur le casque en ajoutant par exemple de la végétation ou de la toile de jute. Toutefois, le simple port du filet permettait de casser la silhouette caractéristique du casque.
Certaines troupes ont reçu des filets réglementaires “Stahlhelmtamnetz”. Ces filets ont été distribués après la parution de l’ordre du 10 août 1942. Sa conception diffère des filets US et britanniques, les filets allemands sont pourvus de cordon de serrage avec un anneau métallique et plusieurs crochets eux aussi métalliques. Ils sont de différentes couleurs, ont des poids qui diffèrent et sont conçus dans de la ficelle naturelle. Il est de forme rectangulaire et s’étendait au de-là de la coque pouvant ainsi dissimuler le visage du porteur.
Certains ont fabriqué eux-mêmes leur filet, par exemple à partir des filets de camouflage pour véhicules, ou simplement avec de la corde et de la ficelle. D’autres ont simplement ramassé les filets sur les casques américains et britanniques.
Les couvre-casques
En 1942 a été conçu un premier modèle de couvre-casque “Stahlmüberzüge” pour les troupes allemandes à partir de tissus HBT avec pour motif le “Splinter B” inspiré du motif des toiles de tente “Zeltbahn” apparu en 1931, aussi appelé “camouflage éclat”. Ce couvre-casque était réversible avec un côté blanc pour les environnements enneigés et un côté camouflé qui permettait d’ajouter du feuillage en le fixant aux passants. Il s’adaptait au casque grâce à un cordon de serrage, un modèle était également disponible pour les casques M38 des Fallschimjäger.
Attention ! Il est important de préciser si vous souhaitez collectionner une toile de tente allemande originale de la Seconde Guerre mondiale “zeltbahn”. Les Suisses ont utilisé le même motif de camouflage pour leurs toiles de tente. Je vous laisse le soin de faire vos propres lectures à ce sujet ou alors ce thème pourra faire l’objet d’un futur article. À noter également que l’on a pu retrouver dans l’armée française après la guerre du tissu de l’armée allemande, notamment pendant la période Indochine, les toiles de tente de cette époque sont généralement carrées.
chez les waffen-ss
Deux versions spécifiquement conçues pour les Waffen-ss sont apparues dès 1937 au design complètement différent. L’un est appelé “Oak” et l’autre “Blurred Edge”, tous deux étaient aussi réversibles avec une face aux couleurs d’automne et une autre de printemps. La version de 1937 ne pouvait pas accueillir de feuillage, aucun passant n’était présent pour cela, en 1942 une nouvelle version voit le jour avec ces fameux passants. Ces couvres casques se fixaient avec des crochets en aluminium ou en acier.
Ne possédant pas dans ma collection de couvre casque, voici des images du site “Lux Military Antiques”.
Ci-dessous quelques clichés mettant en scène des soldats portants des couvre casques :
Les casques GRILLAGés
On peut aussi observer sur le terrain la confection par les soldats de grillages installés sur le casque ou seulement la pose d’un simple fil de fer sur celui-ci. L’idée était toujours de briser la forme du casque et d’y ajouter de la végétation ensuite. Ce fut une méthode mise en place dès les premières années du conflit, cela se faisait déjà lors de l’invasion de la Pologne en 1939 avec la pose de fils de fer.
La pratique des grillages quant à elle était plus populaire sur le théâtre Normand, il était simple pour le soldat d’y avoir accès avec un bon nombre de grillages à poules dans la campagne normande.
Quelques précisions sur le grillage à poules d’époque : Si plusieurs types de grillages ont été constatés sur les casques allemands (différents calibres de fils, tailles d’hexagones). Le grillage d’époque pouvait comprendre entre trois et cinq torsions qui vont vers la même direction et pouvaient donner l’impression d’être tordues manuellement avec des torsions pas toujours uniformes, ceux sont des caractéristiques des grillages européens d’époque. Il était aussi possible qu’il soit galvanisé.
Pour autant, on ne peut exclure la présence de grillages américains, même à cette époque, ils présentent une torsion différente qui ne va pas forcément toutes dans le même sens, ce qui est dû à la méthode de confection des machines. Les machines américaines créent trois torsions, s’arrêtent puis inversent leur sens pour effectuer trois torsions supplémentaires.
Cependant, le soldat utilisait généralement le grillage trouvé en campagne, en toute logique on peut considérer qu’un grillage monté d’époque sera généralement de type européen. Il faut apprécier la pièce dans son ensemble et la cohésion entre chaque élément, la patine générale. Ce qui se fait avec l’expérience en étant en contact avec des pièces d’époque et prendre le temps d’acquérir des connaissances solides à travers les lectures.
La peinture de camouflage
Il n’était pas rare que le soldat allemand applique en unité de la peinture pour camoufler son casque. Cette pratique est facilitée par le commandement allemand. En effet, au milieu d’année 1943, il ordonne un schéma de couleurs pour le camouflage du matériel tel que les véhicules : le beige, vert et marron. Ces couleurs rappellent le fameux camo Normandie, c’était un camouflage très répandu sur le théâtre normand, raison pour laquelle les collectionneurs utilisent ce terme pour le qualifier. Rien d’officiel cependant aux yeux de l’armée allemande pour ce schéma que l’on retrouve dans d’autres batailles . Ce schéma se rapproche aussi des couleurs du camouflage des caisses de fabrication d’avant guerre dans la période Reichswehr (1919-1935).
La peinture pouvait être appliquée soit au pistolet à peinture pneumatique qui était disponible dans les unités d’artillerie, de blindés, de transport ou encore antichars. Elle pouvait aussi être appliquée au pinceau ou avec un chiffon pour ensuite l’étaler sur la surface du casque. Le soldat utilisait des pots remplis de pâtes concentrées à diluer avec l’eau ou avec l’essence disponibles dans les magasins militaires. Les Allemands ont aussi récupéré de la peinture chez l’ennemi et chez l’habitant. Il n’était pas rare lorsque la peinture était encore fraîche que le soldat l’a saupoudre de sciure, de copeaux de bois ou de morceaux d’herbe sèche pour créer une texture qui réduisait les reflets sur le casque. Il arrivait même que le casque soit texturé avec du gravier ou de la cendre donnant un effet bétonné à celui-ci.
Casque allemand modèle 40 avec un camouflage hivernal l’insigne présent a été visiblement conservé et il est de type “Huber Jordan & Koerner”. Durant la guerre, les Allemands ont utilisé deux manières pour appliquer un camouflage hivernal sur le casque. L’une a été simplement d’appliquer de la peinture blanche sur le casque, mais cette façon de faire était plus définitive dans le sens où lorsque les beaux jours reviennent et que la neige a fondu la peinture quant à elle était encore là. Alors, certains soldats ont simplement appliqué de la chaux sur la coque et l’ont fait disparaître en même temps que la neige.
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