L'Abbaye d'Ardenne

Fondée au XIIe siècle à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, l’Abbaye d’Ardenne abrite aujourd’hui l’institut mémoires de l’édition contemporaine. La légende raconte qu’en 1121, un certain Aiulf du Marché et sa femme Asseline, aient eu une vision de la Vierge Marie leur ordonnant de bâtir une chapelle en ce lieu. 

Victime à plusieurs reprises des conflits, elle fût déjà touchée pendant la guerre de cent ans, en effet, le 14 décembre 1417 l’abbaye est pillée. Le 5 juin 1450 elle est occupée par Charles VII pendant le siège de Caen, il n’en repart qu’après la reddition de la garnison anglaise. L’abbaye est confisquée à la Révolution française et achetée en 1791 par des propriétaires privés, ce qui mènera à la séparation en trois propriétés distinctes. 

En 1943, la famille Huard habite la partie comprenant l’abbatiale, la famille Lachcure la partie des communs, la famille Vico la partie ferme des moines. Les Vico sont alors parents de 7 enfants. Durant l’été 1944, le SS Standartenführer Kurt Meyer, à la tête de la 12e SS Panzer-Division Hitlerjugend s’y installe pour profiter du point de vue qu’offrent les bâtiments, les allemands peuvent y observer une grande partie des mouvements adverses dans le secteur.

La résistance

Après l’arrivée des allemands en Normandie en 1940, La famille Vico est impliquée activement dans la résistance locale. Jacques Vico, 18 ans, est membre de l’OCM, (l’Organisation Civile et Militaire clandestine) à partir d’avril 1943 il crée un dépôt d’armes à l’abbaye. Avec son groupe, Jacques récupère des colis parachutés par les avions anglais et les dissimule dans la ferme. Ils se forment au maniement des armes, à l’utilisation d’explosifs mais aussi aux techniques de sabotage. 

De son côté, son père, Roland Vico qui est maire de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, fournit des faux papiers à des résistants et à des réfractaires au travail obligatoire en Allemagne. Il aide aussi les juifs victimes de persécutions en leur fournissant avec l’aide d’un prêtre de faux certificats de baptême. 

Le 16 décembre 1943 Roland Vico est dénoncé par un ami cafetier de Caen, il est arrêté et déporté au camp de Mauthausen en Autriche. L’arrestation oblige son fils Jacques Vico avec l’aide de son frère, Jean-Marie et des amis à déplacer en lieu sûr toutes les armes et munitions cachées dans l’abbaye. Le lendemain, après avoir quitté l’abbaye d’Ardenne avec son frère, celle-ci est cernée par la Gestapo. Leur mère, Francine Vico est arrêtée et internée plusieurs mois à la prison de Caen.

Portrait de Jacques Vico, collection Jean Quellien

L'occupation de l'abbaye par la 12e SS Panzer-Division Hitlerjugend

Durant l’été 1944, les allemands s’installent dans les murs de l’abbaye. La salle des cartes et le quartier général sont installés dans les bâtiments situés de part et d’autre de la porte Saint-Norbert. Un centre de communication est quant à lui mis en place dans l’ancien cellier, sous le farinier avec un poste de secours. La grange aux dîmes fait office de garage pour les véhicules blindés légers.

Photographie non datée de la grange aux dimes ayant servit de garage pour les allemands - ministère de la culture - ministère de la culture
La grange aux dimes détruite - ministère de la culture
La grange aux dimes de nos jours
Mémorial sur la Place des 37 canadiens sur lequel est inscrit "Le 7 juin 1944, dans cette ville et ses alentours, le North Nova Scotia Highlanders a reçu le baptême du feu. Quatre-vingt-quatre soldats du bataillon et sept citoyens d'Authie sont morts ce jour-là."

C’est au lendemain du débarquement, le 7 juin 1944 que le 25e régiment de grenadiers commandé par le SS Standartenführer Kurt Meyer de la 12e SS Panzer-Division Hitlerjugend organise une contre-attaque. Les allemands se livrent alors à d’intenses combats face aux soldats canadiens du North Nova Scotia soutenus par les blindés du Sherbrooke Fusiliers près d’Authie. Cette contre attaque tourne en défaveur des canadiens qui subissent de lourdes pertes et se retranchent au nord d’Authie. Un coin de rue a été nommé “Place des 37 canadiens” en l’honneur des 37 canadiens tombés à cet endroit. Les SS font des prisonniers et les conduisent dans l’enceinte de l’abbaye.

Tous les prisonniers capturés pendant et après les combats sont gardés dans une pièce de l’abbaye. Par la suite, dix sont emmenés au château adjacent, les autres sont transférés à Bretteville-sur-Odon. Un onzième prisonnier est choisi, le lieutenant Thomas Windsor qui rejoint le groupe des dix prisonniers formé auparavant. Ce groupe est emmené dans le jardin du château et les hommes le constituant sont alors froidement exécutés. Les corps des onze hommes sont découverts plus tard, certains corps portent des blessures par écrasement au crâne, d’autres d’une balle à la tête, illustrant la barbarie des soldats de la Hitlerjugend. 

Le 8 juin, sept autres soldats canadiens prisonniers sont emmenés à nouveau dans l’enceinte de l’Abbaye d’Ardenne. Ils y sont interrogés puis ensuite abattus dans le jardin de l’abbaye, tous membres de la North Nova. Jan Jesionek, un soldat d’origine polonaise enrôlé de force dans les forces de l’Axe à l’âge de 16 ans est témoin de l’interrogatoire et des exécutions, il fit un compte-rendu après la guerre.

Dans le parc de l'abbaye lors de l'enquête en 1945, Jesionek montre du doigt l'endroit où il a vu les sept corps canadiens le matin du 8 juin 1944. (DND)

Il est supposé que deux autres prisonniers furent exécutés à cet endroit le 17 juin. Le lieutenant Fred Williams et le caporal suppléant George Pollard, après avoir été capturés lors d’une patrouille à la recherche de chars allemands mis hors d’état de combattre près de Buron. Ils appartenaient au Stormont Dundas and Glengarry Highlander. D’après des témoins, deux prisonniers blessés avaient été évacués dans le poste de secours de l’Abbaye, des coups de feu aux alentours de l’Abbaye furent entendus à deux moments différents ce même jour. 

Le général anglais Montgomery organisera plusieurs opérations pour s’emparer de la ville de Caen. La prise de Caen était initialement prévue le Jour-J, il faudra après l’opération Perch le 7 juin, l’opération Epsom le 26 juin et l’opération Windsor le 4 juillet, l’opération Charnwood pour que l’Abbaye soit finalement libérée des Allemands le 8 juillet peu avant minuit par les soldats du Regina Rifles. 

Le sol de l’abbaye est jonché de cadavres, l’abbaye est durement touchée par les intenses bombardements d’artillerie des alliés. S’en suivront les tirs de mortiers des Allemands après leur départ, ce jour-là, deux cents soldats canadiens sont tués ou blessés, la prise de l’abbaye facilitera la prise d’une grande partie de Caen dès le lendemain.

Juin 1944 : Gérald De Baeker, volontaire français dans les S.S., interroge deux prisonniers canadiens. Photo : Bundesarchiv
Le SS-Ostubaf. Milius (avec casque) rend compte des derniers évènements au SS-Sturmbannführer Hubert "Kurt" Meyer. Photo : Bundesarchiv
Des observateurs allemands installés dans la tourelle au sud-ouest de l'abbatiale regardent en direction de la RN 13 et de Carpiquet. Photo : Bundesarchiv

Propos du Le capitaine Gordon Brown qui commandait le détachement canadien : 

“Aux premières heures du jour, j’ai pris des dispositions afin que les compagnies Able et Dog se retranchent dans l’abbaye et occupent ses bâtiments. La vieille église, comme les autres constructions, avaient été durement touchées ; les parties incendiées brûlaient encore. Ces bâtiments offraient une certaine protection contre les tirs d’obus dirigés vers nous à partir du sud de Carpiquet. Ces obus de gros calibre continuaient néanmoins à percevoir leur due : un tir a touché le lieutenant Al Law et son ordonnance, tuant le soldat et laissant Al inconscient. Malgré ces bombardements occasionnels, nous avons jeté un coup d’oeil ici et là à l’intérieur de l’abbaye et fait un certain nombre de découvertes intéressantes. Nous avons vu un important central téléphonique de campagne détruit par un tir direct. Plusieurs cadavres de SS gisaient près de là et ailleurs dans l’abbaye. Dans un garage se trouvaient deux motocyclettes appartenant au Regina Rifle, qui nous avaient été pris à Bretteville un mois plus tôt, ainsi que des véhicules civils certainement confisqués par les hommes de Kurt Meyer. Évidemment, nous ignorions alors tout des soldats du North Nova Scotia Highlanders qui avaient été enterrés quelque part sous nos pieds. Hec Jones m’emmena jusqu’à un dépôt d’alcool autrefois gardé par un berger allemand. Il avait tué le chien avant de découvrir cette imposante réserve de vins, de champagnes et de spiritueux. Il me guida également jusqu’à un lieu qui – je pense – avait été la chambre à coucher de Kurt Meyer. À côté d’un lit joliment fait, il y avait une corbeille de cerises. Nous avons bu du champagne et mangé les cerises. Je me suis ensuite assoupi. Hec m’a laissé seul afin que je trouve un peu de ce sommeil dont j’avais tant besoin. Je ne me suis jamais excusé pour ce comportement. Je n’aurais peut-être pas dû céder à la tentation de boire et de dormir à un tel moment. Cependant, il faut bien admettre que j’étais au bord de l’épuisement physique et mental après avoir vécu un mois dans un enfer total”.

Madame Vico revient avec ses deux plus jeunes enfants et son fils, Jean-Marie, au début aout 1944. Au début de l’année 1945, dans le parc épargné par les combats, les deux plus jeunes enfants Michel et Roland remarquent que la terre au pied du marronier a été remuée. En creusant, ils y découvre un premier corps vêtu d’un uniforme militaire face contre terre portant une blessure par balle à la nuque. D’autres corps seront découverts par la suite par Jean Marie. En mars 1945 cinq autres corps sont découverts autour de la pelouse du petit parc. Le corps du lieutenant Fred Williams est retrouvé, mais pas celui du caporal suppléant George Pollard, son nom est dorénavant inscrit sur le monument des disparus canadiens près du cimetière de Bayeux.

Monument des disparus près du cimetière de Bayeux

Jacques Vico, engagé dans la division Leclerc, vient en permission. Il demande au radiesthésiste le père Grab de prospecter sur l’ensemble du terrain. Les derniers corps seront alors découverts, une sépulture digne leur sera attribué dans les cimetières de Bény-sur-Mer et de Cintheaux, en tout ils sont vingt. 

Le Standartenführer Kurt Meyer devient le commandant de la 12e SS Panzerdivision HitlerJugend le 14 juin, après la mort de Fritz Witt. Il est traduit en justice pour ces meurtres, dans un premier temps reconnu coupable pour le viol de la convention de Genève, il est condamné à mort. Ensuite sa sentence a été commuée à une peine à perpétuité au Canada, il est finalement libéré en 1954 et décédera le 23 décembre 1961 d’une détresse cardiaque.

Qui sont ces vingt soldats canadiens ?

Les informations ci-dessous proviennent du site : http://abbaye-ardenne.e-monsite.com

Soldat Thomas Halliburton Henry

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à 22 ans, originaire de Montréal au Québec. Il a servit au sein de la milice pendant un an et demi avant de rejoindre pendant six mois le contingent du COTC (Canadian Officier Training Corps) de l’université d’Acadia où il était étudiant en seconde année d’ingénierie chimique. Il rejoint les forces blindées en juin 1942.

Soldat Reginald Keeping

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à 21 ans, originaire de Burgeo au Canada. Il est fils unique d’une famille de Terre-Neuve réinstallée en Nouvelle-Ecosse. Très jeune il est employé à transmettre des télégrammes et s’occupa aussi d’un bowling. 

Il s’engage en 1943 à Halifax, ses parents vécurent difficilement sont deuil, sa mère a perdu son fils unique et ensuite son mari, elle parti quelques temps aux USA avant de revenir en Nouvelle-Ecosse où elle finira ses jours.

Soldat James Alvin Moss

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à 22 ans, originaire de Stellarton en Nouvelle-Ecosse au Canada il a été battu à mort à l’abbaye d’Ardenne. C’était le premier habitant de sa ville à s’engager au sein de l’armée canadienne. Il fut capturé à l’aube du 7 juin 1944, il faisait partie du groupe des 10 volontaires partis en éclaireurs vers l’abbaye.

Soldat James Elgin Bolt

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à 24 ans, originaire de St Thomas. Il rejoint la milice puis le service actif. Après plusieurs soucis de santé il rejoint les blindés en Angleterre, le Sherbrooke le 2 septembre 1943.

Soldat George Vincent Gill

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à 23 ans, originaire de Grande-Bretagne. Sa mère mourut durant l’année 1923, son père émigra au Canada où il suivra sa scolarité jusqu’à l’âge de 14 ans. Il était passionné de base-ball et supportait l’équipe de Frontenac. Il travailla dans une une tuilerie jusqu’en octobre 1942. 

Il incorpore en 1942 un régiment de blindés en mentant sur son âge, en donnant 1921 comme date de naissance au lieu de 1922. Il servait dans le Sherbrooke Fusiliers Regiment.

Soldat Charles Doucette

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à l’âge de 31 ans, originaire de Sydney en Nouvelle-Ecosse. Marié à Marie-Jeanne et père de 4 filles. Il rejoint la North Nova Scotia Highlanders en juin 1940. Engagé lors de la bataille d’Authie.

Soldat Walter Michael Doherthy

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à 25 ans, originaire de Montréal. Soldat du 27 th CAR (Canadian armoured regiment) Il était membre de l’unité de Windsor et fut capturé avec lui par les SS (Schutzstaffel). 

Il est marié à Rose Lockhead depuis le 1 juin 1941 et père d’un jeune garçon prénommé Richard, il écrivait 4 à 5 lettres par semaine à sa famille et envisageait de s’installer comme fermier après la guerre.

Soldat Joseph Francis MacIntyre

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux 

Mort à l’âge de 28 ans, il était originaire de Sydney Mines (Nova Scotia Canada). Engagé au centre de recrutement de Sydney Mines en 1941, il fut capturé avec le soldat Charles Doucette. Il avait demandé à son frère et sa belle sœur avant son départ pour l’Angleterre d’appeler leur enfant par le même nom que lui, ce fut une fille. 

Elle a été prénommée Marie-Francis. Il a jamais était dit à sa mère l’exacte vérité sur sa mort, celle ci étant très âgée on voulut lui épargner des circonstances pénibles. Il fut condamné à 10 jours de prison en Juin 1941 pour désobéissance à un ordre direct et d’après son recruteur, c’était un leader naturel qui inspirait ses hommes, un commandant respecté.

Soldat Hugh Allen MacDonald

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à 24 ans,  il était originaire de Morvan. Orphelin de père il quitte l’école très tôt et travaille à la ferme puis dans une scierie, ce qui lui valut auprès de ses camarades de combat le surnom de « slab ». 

Il s’est engageait en février 1942 et a suivit l’entraînement basique d’infanterie à la 61ème compagnie d’infanterie de la Nouvelle-Ecosse. Aucune photographie de Mc Donald ne fut retrouvée. Ce portrait fut dessiné à partir d’une gravure éditée dans un journal local de Nouvelle-Ecosse.

Soldat Yvan Crowe

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bretteville-sur-Laize Cintheaux. 

Mort à 22 ans, originaire de New Glasgow en Nouvelle-Ecosse. Il est avec son cousin Aulden Peppard au sein de son unité. Orphelin de son père très jeune il travaillait dans la ferme de son frère. Il fut réquisitionné par le NRMA (National Roads and Motorists Association Limited) mais préfèrera s’engager dans le service actif. En 1943 il rencontre en Angleterre une femme dénommé Dorothy Rowe.

Lieutenant Fred Williams

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Originaire de Dalton, Il est mort à 22 ans, lors d’une patrouille dans un no man’s land à proximité d’Authie. Il s’est engagé en 1940, devient lieutenant en 1942 et fut envoyé en Angleterre. 

Malgré sa petite taille et son caractère calme il inspirait la confiance à ses hommes. Il participa avec le lieutenant red dixon du S.O.E (Special Operation Executive) au repérage des signaux ennemis et des axes routiers bloqués par la Wermarcht.

Soldat Walter Michael Doherthy

Inhumé au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. 

Mort à 22 ans, originaire de Galway, Nouveau-Brunswick. Il a empêché avec l’aide de sa compagnie l’avancée de la Wermarcht au sud de Buron et repoussa une grande partie des troupes ennemies jusqu’à Authie mais la contre attaque allemande l’isola du reste de sa compagnie.

Soldat George Richard McNaughton

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Originaire de Sydney Mines, mort à 20 ans. Enfant illégitime il fut confié à un orphelinat avec son frère, puis séparé de lui. Envoyé en nourrice en 1926, puis dans une école pour enfants attardés à Truro en Nouvelle-Ecosse de 1932 à1941. 

Il fit divers métiers: manœuvre dans une briqueterie puis dans une scierie, plongeur dans un self, puis docker. Il s’engagea en 1943 en falsifiant sa date de naissance. Ce soldat de la compagnie A repoussa l’avance de la Wehrmacht sur Buron, mais les Allemands se déplaçant rapidement, la compagnie A se retrouva encerclée et les nombreux survivants furent fait prisonniers.

Lieutenant Thomas Alfred Lee Windsor

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à l’âge de 29 ans il était originaire de Montréal au Canada. Avant la guerre il était employé comme acheteur au magasin EATON (équivalent canadien des Galeries Lafayette). Il mesurait 1,80m pour 90 kilos, c’était une force de la nature et agréable à fréquenter. Il aimait jouer au bridge, sportif, il était capitaine de l’équipe de polo. Une fois engagé dans une unité blindée de la milice, il monta rapidement en grade. 

Sergent dans la milice, il fut pris comme simple soldat dans le service actif, il appartenait au 27 th CAR SHERBROOKE (Canadian Armoured Regiment). Il fut fait prisonnier avec l’équipage de son char. Le lieutenant Thomas Alfred Lee Windsor refusa de répondre aux questions des soldats SS, se limitant à donner son nom, son grade et son numéro de matricule. 

Un officier SS le conduisit alors dans le jardin avec l’équipage de son char, les 8 hommes se serrèrent la main une dernière fois puis furent abattus un par un à l’appel de leur nom. Après la guerre, le magasin EATON offrit à son épouse Rom Windsor la responsabilité du rayon mode féminine, elle voyagea à travers les États-Unis et l’Europe. Elle se remaria et vécut avec son mari au sud ouest de Montréal, elle décéda dans les années 90.

Soldat George Edward Millar

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

 Mort à 19 ans, il est né à Ontarioau Canada. Fils de boulanger, il se rendait populaire auprès de ses camarades de classe en apportant des sacs de brioches pour ses amis. Il a quitté l’école à 14 ans pour travailler comme livreur chez son père. 

Râblé et solide, il voulut s’engager en 1940 en se faisant passer pour plus vieux, déclarant avoir 18 ans alors qu’il n’en avait que 15. En février 1942 il réussit enfin à s’engager en déclarant à son recruteur être né en 1923. Malgré ce mensonge il resta dans l’armée.

Soldat Thomas Edward Mont

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à 23 ans il était originaire de Truro (Nouvelle-Écosse, Canada) et marié à Joan.

Soldat Hollis Leslie McKeil

Inhumé au cimetière militaire des troupes de Commonwealth de Ryes.

 Il est mort à 33 ans. Engagé a Amherst, il est blessé par balle à la poitrine et resta cloué sur un brancard durant la journée du 7 Juin 1944. A la nuit tombée, seul et blessé à la cheville, il trouva refuge dans un bâtiment qui s’avéra être occupé par les SS.

Soldat Raymond Moore

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à 27 ans et originaire de Kentville (Nouvelle-Écosse, Canada). Engagé à Aldershot. Il faisait partie des 8 derniers soldats qui rejoignirent l’Angleterre en 1943.

Soldat Harold George Philip

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à 32 ans, il était originaire de Manilla au Canada. Il était le cadet d’une famille de 5 enfants. Il dut quitter l’école, pour travailler à la ferme de ses parents puis l’abandonna en 1937 pour travailler avec son frère menuisier, puis dans une mine de nickel. Son recruteur le définissait comme intelligent et bien bâti, il rejoignit à l’âge de 31 ans le camp Borden pour son entraînement.

Caporal George Edward Pollard

Inhumé au cimetière militaire canadien de  Bretteville-sur-Laize Cintheaux.

Mort à 19 ans il était originaire de Cornwell au Canada. Il écrivit à sa famille fin 1943 « j’ai l’impression que la guerre sera terminée au printemps prochain, et je me retrouverai à la maison », dans la marge il ajoutait ses dessins habituels caricaturant les membres de sa famille, qu’il attendait de revoir avec impatience. Sa mère Ethel Pollard vécut jusqu’à l’âge de 90 ans dans la maison où George était né et vivait dans le souvenir de son fils. Elle attendait que son fils George réapparaisse à la porte de la cuisine.